Assis sur une branche robuste d'un chêne surplombant le cimetière de mon ancien village, je regardai les mortels mettre le corps de ma mère en terre. C'était terminé, plus rien ne me rattachais à mon ancienne existence. Mon nom venait de rejoindre les cieux avec une des femmes les plus importantes de ma vie, je n'étais plus Mathieu Tesan.

C'est seulement lorsque les dernières personnes, venus dire adieu à ma mère, quittèrent la sépulture que je descendis me recueillir auprès de celle qui m'avait aimé malgré ce que j'étais devenu. Il était difficile de croire que sous ce marbre froid dormait ma protectrice et malgré la promesse que je m'étais faite, des larmes coulèrent sur mes joues.

Désormais plus rien ne me retenait ici. J'avais respecté mon rôle en rendant ce dernier hommage et maintenant je devais disparaître en oubliant qui j'étais.

La nuit était tombée. J''allai quitter le cimetière quand une enfant s'approcha. A peine âgée d'une dizaine d'année, ses cheveux bruns étaient en harmonie avec ses yeux marron.

- Qui es-tu ? me demanda-t-elle calmement.

Son sang froid et sa curiosité me fit sourire. Qu'étions nous réellement ? Pour les politiques et les médias, nous ne sommes que des nuisibles engendrés par la nature, pour d'autres, nous sommes des monstres témoins des méfaits de l'Homme sur le monde. S’ils savaient. D'après monsieur Meno nous sommes des êtres humains à qui le destin a offert des attributs uniques. Mais personnellement, je pense que nous sommes le fruit que d'un malheureux hasard.

- Je ne suis personne... Oublie moi, répondit-je prestement à l'ingénu tendis que des voix faisaient écho quelques mètres derrière elle.

Sans attendre la réponse de la jeune fille, je m’éloigna dans un coin désert du cimetière. Arrivé prés d'un caveau imposant, j'enleva ma veste dévoilant ainsi des d'ailes brunes. Ces ailes, que je cachais pour ne pas être pourchassé, étaient apparu en Espagne, lorsque que j'ai trouvé cette maudite pierre. A cette époque, jamais je n'aurait imaginer que ce caillou allait changer ma vie.

Maintenant qu'il faisait nuit noire, je pouvais enfin partir sans être vu. Mes ailes se déployèrent silencieusement et d'un battement je pris mon envol. Après avoir atteint une hauteur suffisante, je me permis de regarder si je ne apercevais pas ma dernière rencontre et à mon étonnement, elle me fixait, une de mes plumes à la main.